Quand on pense à l’Aquitaine, l’image qui vient immédiatement en tête, c’est celle d’une longue étendue de sable blond caressée par les vagues de l’Atlantique. Pourtant, résumer le littoral aquitain à ses seules plages estivales serait réducteur. Du Pays Basque à la Gironde, ces rivages recèlent des trésors à découvrir toute l’année. Hors saison, le calme y règne, les couleurs changent, et l’expérience devient plus intime. Voici une sélection rigoureuse de dix plages qui méritent le détour, quelle que soit la période de l’année.
La plage de la Côte des Basques – Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
Fierté de Biarritz, la Côte des Basques est bien plus qu’un spot de surf. À marée basse, on y marche le long de la corniche, le regard perdu sur l’horizon. À marée haute, la plage disparaît presque, laissant place à une mer puissante, fascinante. C’est ici que le surf européen a pris racine dans les années 1950. Aujourd’hui, on y croise autant de vacanciers en tongs que de retraités passionnés de photographie. En hiver, les vagues s’intensifient et offrent un spectacle brut — sans planches ni serviettes, mais avec cette poésie minérale propre aux mois froids.
La plage du Grand Crohot – Lège-Cap-Ferret (Gironde)
Les pins, le sable clair et l’odeur des embruns : le Grand Crohot est typiquement landais… mais il se trouve en Gironde. Nichée dans une forêt dense, cette plage a le mérite d’être accessible toute l’année, notamment via une piste cyclable agréable. Hors saison, on s’y promène dans un calme presque total. Quelques locaux, parfois des pêcheurs à la ligne, et ce silence unique du littoral atlantique, entre deux rafales de vent salé.
La plage de Navarrosse – Biscarrosse (Landes)
Contrairement à la plupart des plages océanes de la région, Navarrosse borde un lac, celui de Biscarrosse. L’eau y est plus chaude, le courant inexistant, et l’ambiance radicalement différente. Idéal pour une balade ou une baignade paisible, y compris en automne. Les familles apprécient aussi sa quiétude. « Ici, on entend les enfants rire, pas les vagues hurler », glisse une habituée rencontrée en basse saison.
La plage d’Hendaye – Hendaye (Pyrénées-Atlantiques)
Avec ses trois kilomètres de sable fin, Hendaye offre le plus grand front de mer de la côte basque. Sa célébrité tient autant à sa beauté naturelle qu’à sa proximité avec l’Espagne. Cette plage plaît aux amateurs de marche comme aux débutants en surf, protégée par la baie. Les jours d’hiver, on y distingue les deux Jumeaux, ces rochers emblématiques, sous une lumière rase qui fait naître des couleurs insoupçonnées. C’est aussi un bon point de départ pour explorer les falaises sauvages du domaine d’Abbadia, juste au sud.
La plage de l’Horizon – Cap Ferret (Gironde)
Surnommée simplement « l’océan » par les locaux, la plage de l’Horizon se situe au bout de la presqu’île du Cap Ferret. Ici, les villas cossues laissent place aux dunes et aux embruns. C’est une plage exigeante, battue par les vents, et pourtant étrangement apaisante. En automne, les surfeurs expérimentés y affrontent les vagues tandis que les promeneurs profitent d’un spectacle naturel sans artifice. Une cabane de saison garde encore quelques traces de vie lorsque les touristes plient bagage.
La plage du Santocha – Capbreton (Landes)
Capbreton, c’est l’un des rares ports de pêche de la côte landaise. À deux pas du centre, la plage du Santocha attire un public varié : surfeurs pur jus, familles locales et jeunes venus observer – ou filmer – les exploits sur les vagues. Hors saison, l’ambiance reprend des airs de village. La promenade qui longe la digue est particulièrement agréable, et le bunker qui trône sur le sable donne au lieu une allure de bout du monde. Un morceau de béton, certes, mais surtout un repère pour les amateurs de photographie urbaine.
La plage du Porge Océan – Le Porge (Gironde)
Moins connue que ses voisines du Cap Ferret ou de Lacanau, la plage du Porge est l’une des plus sauvages de Gironde. Ici, pas de front de mer bétonné ni d’immeubles en bord de dune : uniquement des pins, des sentiers sablonneux et un océan capricieux. En hiver et au printemps, on profite pleinement du calme. La mairie entretient les accès et les parkings, facilitant les balades dominicales même hors saison. « C’est notre petit trésor », disent les habitants. Et rares sont les touristes à le chercher en janvier…
La plage centrale de Mimizan – Mimizan (Landes)
Historiquement surnommée la « perle de la Côte d’Argent », Mimizan a connu son heure de gloire dans les années 1930. Aujourd’hui, sa plage centrale reste très fréquentée en été, mais elle devient plus accessible dès septembre. Large, propre et bien équipée, elle offre aussi l’un des meilleurs points d’observation du coucher de soleil. Un banc, quelques pas dans le sable frais, et le silence soudain. Une carte postale grandeur nature, sans filtre ni touristes surexcités.
La plage de La Chambrette – Le Verdon-sur-Mer (Gironde)
Coincée entre estuaire et océan, cette plage a une particularité : c’est l’une des rares plages de l’embouchure de la Gironde où l’on peut se baigner en toute sécurité. L’eau y est calme, la fréquentation modérée, et la vue sur le phare de Cordouan, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est saisissante. À marée basse, les bancs de sable émergent, transformant le bord de plage en terrain de jeu pour les photographes et les pêcheurs à pied.
La plage de la Milady – Biarritz (Pyrénées-Atlantiques)
Trop souvent éclipsée par la renommée de la Grande Plage, la Milady est l’une des plus accessibles de Biarritz. Longue, plate et bordée d’une promenade aménagée, elle séduit par son ambiance familiale et ses installations. Même en hiver, on y croise des seniors en marche nordique, des parents en poussette, et quelques fous courageux qui plongent dans l’Atlantique sans combinaison. C’est aussi une plage que les personnes à mobilité réduite peuvent apprivoiser, ce qui reste rare sur ces côtes escarpées.
Ces dix plages dévoilent, chacune à leur manière, une autre facette de l’Aquitaine. Moins touristique, plus brute, souvent plus authentique. Au fil des saisons, elles changent de visage, mais gardent cette constante : l’appel du large. Une envie tenace de s’évader, même l’espace d’une heure. Alors pourquoi attendre l’été ? La côte aquitaine n’a pas de basse saison. Seulement des humeurs différentes à apprivoiser, selon le ciel, le vent, et votre propre tempo.

